Dans le cadre de la conférence de presse du 29 avril, les membres du Consortium Luxembourg et le FnR se sont positionnés dans un document de réflexion « Libraries and publications of the future ». Veuillez trouver ci-dessous le résumé analytique du document.
Pour promouvoir une croissance durable, l’innovation et la création d’emplois d’avenir, le Luxembourg a décidé de développer des infrastructures universitaires et de recherche de haut niveau et d’accélérer sa transition vers une performante société de la connaissance. L’Union européenne s’est fixé comme objectif, à travers son Digital Agenda, de maximiser l’impact social et économique des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Parmi les conditions requises pour atteindre les objectifs visés en matière de développement de la société de la connaissance, de la créativité, de la recherche et de l’innovation, il est impératif que des publications de la plus haute qualité soient acces-sibles en nombre suffisant, non seulement pour l’Université du Luxembourg et les Centres de Recherche Publics, mais encore pour la population entière. L’apprentissage tout au long de la vie, la formation permanente et la participation des citoyens à la vie culturelle et intellectuelle doivent être promus de façon active. Ces considérations ont fortement contribué à la décision du gouvernement de moderniser le secteur des bibliothèques et de doter la Bibliothèque nationale et la Bibliothèque de l’Université de bâtiments appropriés.
Bien que les publications imprimées ne disparaissent pas, un volume rapidement croissant ne sera dorénavant disponible que sous forme numérique. En même temps, les technologies de l’internet accroîtront nos possibilités de création de réseaux et d’accès à des collections gigantesques d’informations.
Ce document se concentre sur les publications numériques, qu’elles soient accessibles sous licence, par le biais d’un éditeur, suivant le modèle Open Access ou par la numérisation d’originaux imprimés. Les organisations signataires de ce document ont choisi de relever, de façon proactive, les défis de ces évolutions décisives pour l’avenir.
Le présent document a pour but de décrire les potentialités et les problèmes issus de la «culture et de la science numériques» auxquels sont confrontés les bibliothèques, les organisations de recherche ainsi que ceux qui financent les bibliothèques et la recherche en général.
La bibliothèque numérique au Luxembourg
A partir de la première offre d’eJournals, mise en ligne en 2002 par la Bibliothèque nationale, fut créé en 2006, le Consortium Luxembourg pour l’acquisition et la gestion de publications électroniques. Ses membres sont la Bibliothèque nationale, l’Université et les trois Centres de Recherche Publics (CRP Henri Tudor, CRP Gabriel Lippmann et CRP Santé).
Les statistiques prouvent clairement que la demande pour un tel service est énorme : la consultation des publications accessibles via le portail du Consortium, findit.lu, a progressé en moyenne de 58 %, d’année en année, entre 2008 et 2012. L’offre actuelle (mars 2013) consiste en 49.161 titres d’eJournals, 99.455 eBooks scientifiques et plus de 350 bases de données et plateformes de références spécialisées, en langues anglaise, française et allemande. Le coût annuel de cette offre s’élève à environ 1,5 million d’euros, partagé entre les membres du Consortium Luxembourg. Le portail findit.lu est géré par la Bibliothèque nationale.
Bien que les services centralisés et partagés permettent de minimiser la complexité et le coût de l’infrastructure, les budgets et le personnel disponibles pour assurer les tâches consortiales atteignent leurs limites depuis 2012. Par ailleurs, les membres du Consortium ne peuvent plus contribuer des budgets d’acquisition additionnels. Ainsi, des abonnements de publications scientifiques, pourtant absolument essentielles, sont en danger de ne pas être renouvelés. L’effet le plus dramatique de cette situation, allait-elle perdurer, réside en l’impossibilité d’acheter de nouveaux contenus, indispensables aux chercheurs chargés d’ouvrir de nouveaux champs de la recherche au Luxembourg. La stratégie et les priorités scientifiques des institutions de recherche et de la Bibliothèque nationale feraient les frais de ce défaut de littérature spécialisée.
Open Access
Il existe un consensus international dans les milieux de la recherche et des bibliothèques scientifiques que le modèle économique des publications scientifiques va évoluer vers un modèle marqué par l’Open Access. Le Fonds national de la Recherche (FNR) soutient activement ces développements.
Le modèle Open Access va permettre à ceux qui financent les bibliothèques et la recherche de regagner une certaine emprise sur le processus de publication et ses coûts. L’Open Access offre une perspective qui va permettre de contrôler indirectement le prix des publications non-Open Access et de stimuler la compétition dans le domaine des frais et services de publication d’articles. Toutefois, ces effets ne deviendront apparents que dans le moyen à long terme.
En vue de ces changements, il est impératif pour le FNR et les membres du Consortium Luxembourg que des mesures appropriées soient mises en place dans les prochains contrats de performance 2014-2017. Ces mesures doivent inclure le suivi et la transparence dans le déplacement partiel des frais d’abonnement vers les auteurs, informations cruciales pour l’équipe du Consortium dans ses négociations avec les éditeurs.
Dans le cadre de sa stratégie Open Access, l’Université a mis en place un dépôt institutionnel Open Access pour ses utilisateurs. Un tel Repository est un élément-clé pour assurer que les résultats de la recherche au sein de l’Université du Luxembourg aient la visibilité internationale nécessaire et soient facilement accessibles. Un dépôt Open Access national, au-delà de l’Université, n’est pas encore en place, mais constitue une option possible.
Les Humanités numériques
Digital Humanities est une expression générique pour signifier la (ré)découverte et l’utilisation plus efficace du patrimoine intellectuel et culturel, une fois disponible sous forme numérique. Les technologies numériques sont d’une importance cruciale pour la recherche en sciences sociales et humaines et pour la promotion de la culture et du capital intellectuel en général. La Bibliothèque nationale, bien que restant largement en dessous des recommandations de la Commission européenne, a numérisé jusqu’à présent plus de 600.000 pages et les rend accessibles à travers son portail www.eluxemburgensia.lu.
En complément de la numérisation, la collecte des publications nées numériques et leur préservation à long terme est d’importance-clé pour les chercheurs d’aujourd’hui et demain. La législation du Grand- Duché a déjà été adaptée pour permettre le dépôt légal des publications numériques, dont une partie essentielle est l’internet national.
Pour positionner le Luxembourg dans le paysage des Digital Humanities, il est impératif de le doter d’une infrastructure de préservation numérique à long terme. Le travail d’analyse et de spécification d’un tel système national de préservation à long terme sont très avancées et représentent une priorité partagée et commune des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale de Luxembourg.
Réseaux et visibilité internationale
Le travail en réseau des bibliothèques de recherche et des bibliothèques nationales, que ce soit sur le plan national ou international, est aujourd’hui incontournable. La visibilité des bibliothèques dans les réseaux internationaux de la recherche et des bibliothèques scientifiques exige non seulement la mise à disposition de contenus et de services numériques de haut niveau, mais encore des interfaces conviviales et de haute technicité, permettant d’exporter les métadonnées des dépôt Open Access et système de préservation numérique et de les connecter aux infrastructures équivalentes, bases de données existant dans d’autres pays.
Offrir une grande quantité de publications et de métadonnées numériques de qualité, assurer l’alimentation et la maintenance d’un tel dépôt à libre accès et d’un système de préservation numérique à long terme, interconnecter les bases de données par des interfaces performantes au service de l’utilisateur final, génèrent des coûts non-négligeables côté informatique, mais, surtout, aussi en matière de personnels. En effet, la performance des bibliothèques de l’avenir ne dépend pas seulement des infrastructures bâties mais encore de la qualité des services offerts.
Les personnels des bibliothèques ont toujours été des professionnels de l’information. La révolution numérique les oblige à devenir des spécialistes en NTIC au service de la société de la connaissance. Une tradition extrêmement forte de partage et de développement des meilleures pratiques, prédestine aussi bien les bibliothèques universitaires que les bibliothèques nationales à être des moteurs de l’innovation en NTIC et de la transition envers la société du savoir.
Pour mener à bout un projet d’une telle envergure essentiel à l’essor de la société du savoir, de la recherche et de l’innovation, il faut trouver les moyens pour assurer le financement des professionnels, des contenus et des infrastructures informatiques.
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Le document a été rédigé et est approuvé par les organisations suivantes :